samedi 31 octobre 2020

Reconfinement : les vies humaines doivent primer sur l'économie

 Au vu de la situation sanitaire alarmante, le président de la République vient d’annoncer un nouveau confinement à partir du vendredi 30 octobre.

La CGT fait de la santé des citoyens sa priorité mais comprend et partage leur lassitude et leur ras-le-bol de se retrouver, une nouvelle fois, privés de libertés et de vie sociale. Ceci d’autant plus que cette situation est la conséquence de l’incurie et de la malhonnêteté du Président et de son gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire, s’agissant notamment des moyens alloués au secteur de la santé et du médico-social.

La CGT réaffirme la nécessité de donner les moyens nécessaires à la Santé et aux personnels

Lors d'une réunion avec le Ministre de la santé le 27 octobre dernier, la délégation CGT a signifié que la santé de toutes et tous devait être la priorité, et en particulier que les salarié(e)s ne peuvent être les sacrifiés de la crise sanitaire.

Alors que les organisations syndicales et patronales représentatives ont été réunies le lundi 26 octobre à Matignon. Peu d’annonces prenant en compte les demandes formulées par les Organisations Syndicales, dont la CGT, particulièrement sur l’annulation de la réforme assurance chômage (dont la mise en oeuvre est juste repoussée à avril 2021), de celle des retraites ainsi que des attentes en matière de conditionnalité réelle et efficace des aides publiques aux entreprises.

Suite à la demande des organisations syndicales sur la lutte contre la pauvreté des jeunes (de 16 à 24 ans), le gouvernement affirme la volonté de trouver des solutions mais sans aucune piste proposée.

Si lutter contre la pandémie est indispensable, il y a nécessité aussi que le gouvernement donne des signes forts en matière sociale, de lutte pour l’emploi et prise en charge du chômage. Il y a nécessité de ne pas continuer à perdre du temps en matière de cadrage interprofessionnel sur le télétravail et d’ouvrir rapidement la négociation avec pour objectif de déboucher une un accord national interprofessionnel.


La situation sociale et psychologique est différente du mois de mars pour beaucoup de travailleurs confrontés depuis à des pertes d’emploi, de revenus et des situations familiales difficiles.
La précarité grandissante conduit vers à la pauvreté de la population, et une attention particulière doit être porté à la jeunesse qui est très touchée par ce basculement.


Il est scandaleux d’affirmer que la situation sanitaire est plus grave qu’au printemps et, en même temps, prévoir une protection plus faible, en décidant de maintenir une activité économique plus importante, quoi qu’il en coûte en vies humaines.
Le coronavirus circule activement mais le Président décide que les enfants comme les salarié.es viennent augmenter le nombre de citoyens en deuxième ligne exposés à un risque plus élevé d’être contaminé.


Si la situation devait encore se dégrader, le Président en portera toute la responsabilité et il devra rendre des comptes.

La CGT restera vigilante quant aux effets d'annonces du gouvernement et continuera à pointer les incohérence entre les actes et la communication gouvernementale.


Malgré les difficultés à déployer une activité syndicale normale dans cette période inédite et imprévisible, la CGT va continuer à être présente auprès des salarié.es, des privé.es d’emplois, des retraité.es et de la jeunesse, pour défendre leur santé ainsi que leurs droits sociaux.
 

La CGT a rappelé au gouvernement les questions urgentes sur lesquelles elle attend des décision :

- l’annulation de la réforme assurance chômage,
- La revalorisation des salaires en particulier des bas,
- La "conditionnalité" des aides publiques octroyées aux entreprises,
- La mise en place d’un véritable plan de rupture en matière d’emploi en concrétisant une politique ambitieuse de développement des entreprises, de lutte contre les fermetures et même de réouverture d’entreprises.

Reinhard Höhn, le général nazi devenu théoricien du management

Article et vidéo de France Culture

“Le modèle de management de Reinhard Höhn a été adopté par des milliers d’entreprises allemandes et encore aujourd’hui sa trace et son héritage demeurent.” Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme, aborde dans un essai historique paru en janvier 2020 chez Gallimard, Libres d'obéir, le parcours du juriste nazi Reinhard Höhn, devenu l’un des penseurs les plus influents du management moderne. Voici son histoire.

 

Une "carrière allemande" 

Reinhard Höhn a formé l’élite du “miracle économique” allemand d’après-guerre et a influencé de grandes entreprises comme Aldi qui se réclamait de sa méthode jusqu’en 2012. Johann Chapoutot : “Reinhard Höhn est tout à fait emblématique d’une 'carrière allemande'. C’est-à-dire ces gens qui ont prospéré sous la nazisme et qui après quelque temps de discrétion après 1945 on su se recaser grâce à des réseaux de solidarité qui étaient présents partout dans le public comme dans le privé.

La double carrière de Reinhard Höhn débute à la fin des années 1920. Le mouvement nazi monte en puissance, et recrute une cohorte de jeunes universitaires. Parmi eux, se trouve Reinhard Höhn. Le jeune professeur en droit public intègre ainsi la SD, le service de renseignement de la SS. Johann Chapoutot : “Hitler lui-même qui disait qu’il était content de voir des échelons administratifs s’entretuer parce que de cette lutte entre des agences, des administrations, des directions allait émaner la solution la plus rapide et la plus radicale. Et ça a été théorisé par des gens comme Reinhard Höhn. C’est quelqu’un qui très rapidement estime que l’Etat n’a plus sa place dans le monde nouveau dont accouchent les nazis. Parce que l’Etat est inefficace, trop attaché à la norme, à la règle. Il faut au contraire remplacer cet État par des agences, donc lui il théorise ça, mais c’est ce que font les nazis dès 1933.” Cadre prometteur de la SD et protégé d’Himmler, Reinhard Höhn est nommé général SS en 1944. 

Le mythe de la dénazification

Après la défaite allemande, Höhn ne fuit pas comme beaucoup de cadres SS. Il se fait discret avant de bénéficier de la grande loi d’“impunité” d’Adenauer en 1949 qui amnistie 800 000 anciens officiers nazis. Johann Chapoutot : “On a vécu pendant très longtemps sur un mythe : celui de la dénazification. Ce qui est faux et ce qui au fond n’était pas vraiment possible dans la mesure où la pénétration nazie était telle qu’il était difficile de s’en débarrasser totalement.”


Dans la toute nouvelle RFA (République fédérale allemande), l’objectif est désormais la lutte contre le communisme. Les anciens nazis sont mis à contribution grâce au soutien du réseau de solidarité qui lie les 6 500 anciens de la SD. Höhn donne des conférences sur l’histoire militaire, sa passion, et se retrouve à travailler pour un think tank patronal. En 1956, il crée une école de commerce sur le modèle américain de la Harvard Business School à Bad Harzburg, en Basse-Saxe. 


Libres d'obéir

Reinhard Höhn enseigne dans son école sa théorie du management par “délégation de responsabilité”, également appelée “la méthode de Bad Harzburg”. Il pense l’organisation de l’entreprise sur le modèle de l’armée prussienne du XIXe siècle avec sa “tactique par la mission”. Johann Chapoutot : “Une fois la fin définie, l’objectif défini, le calcul des moyens était laissé à l’appréciation du subordonné. Donc le subordonné était libre d’obéir parce qu’il devait obéir, certes, mais dans la liberté du choix des moyens. Ce qui avait une conséquence : s’il échouait, comme il avait la liberté, il avait la responsabilité, donc ça fait peser sur les échelons inférieurs la responsabilité totale de la réussite et aussi de l’échec de la mission.” L’école de Bad Harzburg forme 700 000 cadres de 2 500 entreprises, comme BMW, Bayer, Opel, Colgate ou Ford, ainsi que l’élite politique de la jeune RFA qui s’appuie sur les écrits de Reinhard Höhn pour créer la Bundeswehr, la nouvelle armée citoyenne allemande, en 1955.


Le passé nazi de Höhn le rattrape dans les années 1970 sous la pression des mouvements étudiants antifascistes et avec l’arrivée au pouvoir des socialistes. En 1972, l’armée allemande rompt son contrat avec l’école de Bad Harzburg. 


Entre 1956 et 1995, Reinhard Höhn aura publié une quarantaine d’ouvrages. Certains se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires comme son best-seller, Le Pain quotidien du management. “Manager de génie”, “enseignant de talent”, “infatigable scientifique”. En 2000, à sa mort, la presse allemande salue la mémoire de Reinhard Höhn : l’ancien général SS devenu l’un des grands cerveaux du management moderne.

samedi 24 octobre 2020

Non au « Forfait Urgences » - Signez et faites signez

Pour signer, cliquez ici

Non au « Forfait Urgences »

C'est inacceptable, les assurés ne peuvent être rendus responsables du manque de médecins dits « de ville » ou de recours possibles à des soins de proximité qui les obligent à se rendre dans les services d’urgence. 

Ils ne peuvent être rendus responsables des fermetures de lits à l’hôpital, du manque de personnels soignants dans tous les services...

La Cgt, au contraire, fait des propositions pour développer l’accès aux soins de proximité, qu’ils soient programmés ou non.

Elles s’appuient notamment sur la création de Centres de santé pluridisciplinaires (médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, radiologues ...) dans le cadre du service public.

Je suis contre le forfait urgence.

Je demande qu'il soit retiré du projet de financement de la Sécurité sociale.

Pour signer, cliquez ici

 

"Forfait urgences" : un nouvel obstacle à l'accès aux soins


Le scandale du “forfait patient urgences” La CGT lance une pétition contre la mise en place d’un forfait payant pour les passages aux urgences sans hospitalisation. Cette disposition marque un nouveau recul pour l’accès au droit à la santé dans un contexte de crise sanitaire et d’explosion de la pauvreté.

Alors que toute notre attention est fixée sur la capacité de notre système de santé à absorber le choc de l’épidémie de coronavirus, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de 2021(PLFSS), présenté début octobre, prévoit plus de 800 millions d’euros d'économie sur l’hôpital.

Une mesure punitive

Parmi les mesures préconisées, le gouvernement envisage, sans concertation, la création d’une « participation », au «montant forfaitaire » pour chaque passage aux urgences dès lors que celui-ci ne serait pas suivi d'une hospitalisation. Ce forfait, à peine détaillé dans le PLFSS 2021, devrait impacter 80% des patients qui passent par les urgences. Il remplacera l’actuel ticket modérateur laissant à la charge du patient 20 % du coût de ses soins qui seront pris en charge par la complémentaire de santé… enfin pour ceux qui en ont une.

Double peine

Pour les 5% de français qui n'ont pas de complémentaire santé (soit plus de 3 millions de français), cette décision risque d’aggraver un peu plus le renoncement aux soins. Compensant souvent les insuffisances de la médecine de ville, les urgences hospitalières étaient, jusqu’alors, la garantie d’être soigné quelques soient ses moyens. Cette disposition crée un nouvel obstacle à l’accès aux soins et rogne un peu plus sur le principe de solidarité de la Sécurité sociale.

Mauvaise réponse à un vrai problème

Mais les malades ne peuvent être rendus responsables du manque de médecins de ville ou de recours possibles à des soins de proximité qui les obligent à se rendre dans les services d’urgence. C’est pourquoi, pour la CGT « le gouvernement doit renoncer à ce projet scandaleux ». C’est dans ce sens que la CGT a lancé une pétition contre la mise en place du “forfait urgences” à faire signer et à partager avec les salariés et les usagers.

 

Pour signer, cliquez ici

jeudi 22 octobre 2020

Les EHPAD se manifestent pour dire.... STOP!! - Pétition de soutien aux salariés de l'EHPAD Verdier (92)


Les EHPAD se manifestent pour dire STOP !  

Les conditions de travail dans nos EHPAD ne s'améliorent pas : le manque criant de personnel a un impact sur la prise en charge des résident·e·s. Les personnels sont épuisés, la plupart dans ce secteur sont des femmes. Elles et ils ont traversé la crise sanitaire qui se poursuit et semble loin d’être finie  ....

La plupart des témoignages des collègues des EHPAD  indiquent le peu de reconnaissance de leurs directions, des réorganisations du temps de travail imposées et une augmentation de mesures disciplinaires causées par des  organisations de travail délétères. Mais, nous le savons toutes et tous que les moyens humains et matériels en sont réellement la cause !

Et bien les personnels des EHPAD se manifestent de plus en plus pour dire stop ! A l'EHPAD Madeleine Verdier de Montrouge (92), 9 agent·e·s courageuses/courageux ont interpellé la direction pour témoigner de leurs conditions de travail et d'un management répressif. Elles et ils ont évoqué une souffrance au travail pensant que la directrice porterait une écoute et du soutien à leur détresse !

Eh bien NON ! La réponse de la directrice a été radicale par la suspension de deux aides-soignantes, la mise au placard d'une agente et des pressions au quotidien des autres collègues en attendant de savoir quel sort leur sera réservé…. Plusieurs mobilisations ont lieu  à l’Ehpad de Madeleine Verdier, les négociations n’ont pas abouti et ne répondent pas à nos revendications, soit : ·        

  • La réintégration des deux aides-soignantes suspendues injustement et dans l’illégalité.
  • La réintégration de l’agente faisant-fonction à son poste de travail auprès des résident·e·s.
  • La reconduite du contrat de l’aide-soignante qui est aussi incriminée parce qu’elle a osé dire non à la maltraitance managériale. 

- L’arrêt des pressions et d’intimidations des agent·e·s ·        

Je soutiens les aides-soignantes de l'EHPAD VERDIER contre la maltraitance managériale.

Je demande la réintégration de l'agent FFAS de l'EHPAD VERDIER.

Je demande la reconduction du contrat l'Aide-soignante

Un soutien par la diffusion d’une pétition est demandé aux collègues, aux familles et aux résident·e·s face à cette discrimination envers des soignant·e·s !


Union Syndicale CGT Santé et Action Sociale des Hauts de Seine (92)



Former les AS en 15 jours ?

lundi 12 octobre 2020

Souscription pour la restauration de drapeaux classés au patrimoine

 

Chaque année, à l'occasion des journées du patrimone, les toulousains ont l'opportunité de décourvrir les archives de l'histoire sociale et syndicale qui sommeillent au sein de la Bourse du Travail. Or, en raison de la crise sanitaire, l'institut départemental d'Histoire sociale CGT de la Haute-Garonne et l'union départementale CGT31 ont pris la décision d'annuler les visites programmées. Parmi ces archives figurent 17 drapeaux classés officiellement comme élément du patrimoine mobilier social et culturel. Un trèsor qui retrace les luttes syndicales du 19ème et 20ème siècle. Trois de ces drapeaux sont fortement endommagés. L' IDHS 31 et l'UDCGT 31 ont donc décidé de lancer une souscription afin de les restaurer.


Pour écouter l'interview de Edouard Pivotsky sur Radio Mon Païs, cliquez ici




Appel du Congrès de l'UFSP

Les 58 délégués de l’Union Fédérale de la Santé Privée CGT réunis à leur 6ème congrès du 5 au 9 Octobre 2020 à l’ile de Ré ont débattu des réformes économiques et sociales de ces dernières années : loi Rebsamen, loi El-Khomri, ordonnances Macron, réforme des régimes de retraites, mouvement des gilets jaunes…

 

Dans le secteur de la santé public et privé, les mobilisations depuis 2018 n’ont pas cessé : grèves massives dans les Ehpad, les luttes dans les cliniques, les mouvements dans les urgences hospitalières… En 2020, la crise sanitaire Covid 19 n’a fait qu’aggraver la situation pourtant déjà dramatique dans la santé, le gouvernement Macron se montrant incapable d’être à la hauteur de la situation sanitaire (manque de masques, matériel, médicaments…).

 

Face à la contestation sociale, le ministre de la santé Olivier VERAN a proposé un Ségur national de la santé qui a été rejeté par la Fédération de la CGT Santé et Action Sociale. Des négociations de transpositions dans les branches du secteur de la santé privée à but lucratif et non lucratif sont actuellement en cours. Elles prévoient : une indemnité mensuelle de 183 euros net dans le secteur associatif et 160 euros net dans le secteur marchand. Une fois de plus, pas un centime ne sortira des poches des actionnaires ni des fonds propres du secteur associatif.

 

Après les grands discours du gouvernement sur les « premièr-es de corvées », d’ores et déjà des dizaines de milliers de salariés du médico-social public et privé, les sous-traitants, les secrétaires médicales, les assistantes dentaires, les aides à domiciles… sont exclus de ce dispositif. D’ailleurs de nombreux salariés se mobilisent pour dénoncer cette injustice.

 

En parallèle, les dégradations de nos conditions de travail, les fermetures de lits et les suppressions de postes continuent.

 

Les propositions du gouvernement sont loin de satisfaire les salariés du secteur.

 

L’Union Fédérale de la Santé Privée C.G.T exige pour tout le secteur de la santé, du social et du médico-social :

Ø Un grand service public de santé universel

Ø La création de centaines de milliers de postes dans la santé

Ø L’arrêt des politiques austéritaires dans la santé

Ø 375 € brut mensuel d’augmentation de salaires pour tous (300 euros net minimum)

Ø Le remplacement systématique à 100 % de toutes les absences

 

L’UFSP CGT appelle donc à se joindre à la journée nationale d’action du 15 octobre 2020 et du 17 octobre 2020 pour la marche de l’emploi et de la dignité et à poursuivre les luttes jusqu’à satisfaction de nos revendications.

 

Le congrès à réélu Dominique CHAVE comme secrétaire général qui s’est entouré de 8 camarades pour son bureau composé de 5 femmes et 4 hommes :

 

Valérie GALAUD : SG adjointe en charge des cliniques et hôpitaux privés, CCU FHP 2002,

Véronique HALABI,

Sandrine OSSART,

Leila CROCHET : SG adjointe en charge du secteur associatif, CCN 51,

Carine PAILLAU : SG adjointe, en charge du secteur libéral,

Guylain CABANTOUS,

Guillaume GOBET,

Albert PAPADACCI : SG adjoint, en charge des EHPAD privés, Annexe Synerpa.



La Sécu, c'est toute la vie !

Superbe camgagne d'affiches de la CGT des Organismes Sociaux.

 

lundi 5 octobre 2020

"Combattre les violences sexistes et sexuelles" - Le guide de la CGT


 

Ce guide, à destination de tou·te·s les militant·e·s CGT, est un guide pratique pour en savoir plus sur les violences sexistes et sexuelles au travail. Il vous aidera à lancer des campagnes de prévention et développer vos relations avec les travailleur·euse·s sur les questions de violences. Il vous aidera également à accueillir, accompagner et conseiller des victimes de violences sexistes et sexuelles.

 Télécharger le guide

dimanche 4 octobre 2020

Souffrance au travail : "arrêter de reporter la faute sur le salarié"

Article d'Europe 1

 Souffrance au travail : l'appel d'un médecin à "arrêter de reporter la faute sur le salarié"

 

Invitée d'Europe 1 samedi, Marielle Dumortier, médecin du travail et autrice du livre "Le monde du travail est devenu fou", a demandé aux entreprises de "remettre l'homme au centre des préoccupations" afin d'éviter la souffrance au travail. Selon elle, ces dernières ont tendance à "reporter la faute sur le salarié".INTERVIEW

Marielle Dumortier, médecin du travail depuis 1985 et autrice du livre Le monde du travail est devenu fou était l'invitée d'Europe 1 samedi pour parler de la souffrance au travail, encore augmentée en cette période particulière de crise sanitaire. Elle demande aux entreprises de prendre leurs responsabilités dans le problème, alors qu'elles ont tendance à "reporter la faute sur le salarié". Celle qui consulte à l'hôpital de Créteil en souffrance au travail rappelle qu'"un infarctus du myocarde sur deux est du à des facteurs de stress".

"Remettre l'Homme au cœur des préoccupations"

"Arrêtez de dire aux salariés 'aidez-vous vous-mêmes à gérer votre stress'", demande la médecin du travail, qui a recueilli pour son ouvrage de nombreux témoignages de salariés en souffrance. Selon elle, ce sont aux entreprises de "donner de bonnes conditions de travail à tous les salariés pour que, justement, ils ne puissent pas rentrer dans la maladie. Et il ne faut pas reporter la faute sur le salarié."

S'il y avait une solution, ce serait dit-elle de "remettre l'Homme au centre des préoccupations dans l'entreprise". La médecin demande aussi d'"arrêter de faire peur aux gens, par cette espèce de crainte de guerre économique avec ses conséquences que sont la perte de l'emploi. Nous, médecins du travail, on est toujours en train de gérer à la fois les conséquences médicales, mais aussi sociales de toutes ces conditions de travail", déplore Marielle Dumortier.

 

"Anxiétés pathologiques" liées au Covid

D'autant que la crise du coronavirus n'arrange rien. "Cela rajoute en termes d'angoisse, de contraintes, avec les entreprises qui ont dû organiser à la va vite le télétravail", avec à la clef "la perte de frontière entre la vie privée et la vie professionnelle" et des problèmes "purement matériels d'organisation" liés à l'espace. Des salariés ont été, confie-t-elle, "obligés de se mettre sur la table à repasser ou sur leur lit, et la charge des enfants à gérer". "Nous avons vécu, nous autres médecins du travail, toutes les angoisses dues au retour dans l'entreprise avec la peur de la maladie, avec des salariés qui étaient tombés vraiment dans des anxiétés pathologiques."

Arrêter avec le culte de "l'ultraperformance"

Parmi les témoignages que Marielle Dumortier a recueilli, elle assure que "depuis quinze ans", les problèmes de burn-out et de "surcharge psychologique" sont de plus en plus fréquents. "Ces salariés en souffrance me disent qu'ils sont épuisés, qu'on leur en demande beaucoup trop. Autrefois, quand un salarié se plaignait son travail, c'était toujours parce qu'il y avait trop de bruit, ou en lien avec des choses trop lourdes… Maintenant, c’est 'Je suis épuisée, docteur on m’en demande trop'. En fait, chaque salarié doit faire toujours plus, avec toujours moins de moyens et moins de temps. Et on voit apparaître des pathologies, de surcharge physique comme les troubles musculosquelettiques, les douleurs articulaires ou lombaires, et mentale, avec ses conséquences que peuvent être la dépression, certains suicides, le burn-out".

La médecin demande donc aux entreprises de prendre leurs responsabilités dans le problème qui risque de s'accentuer encore dans les mois qui viennent, au vu de la situation sanitaire. "On a le sentiment que nos salariés doivent être comme des cyclistes qui font le Tour de France. Ils doivent être performants tous les jours, mais en plus, dans cette ultraperformance quotidienne, il n’y a jamais de ligne d'arrivée. Forcément à un moment donné, ces salariés considérés comme des athlètes de haut niveau craquent et tombent malades".

Par Séverine Mermilliod