Article dans 
La Dépêche du 26 mars

 
En
 pleine crise du coronavirus, les travailleurs sociaux sont aussi en 
première ligne. Dans de très nombreux foyers, ils gèrent le confinement 
de dizaine de jeunes. À certains endroits, la violence risque de 
s'exprimer. Au jour le jour, les éducateurs tentent de trouver des 
solutions et d'apaiser les tensions. Andrés Atenza, directeur général de
 l'Anras, salue le travail de ces "sentinelles d'humanité".
"Les 
travailleurs sociaux ne sont pas des saints, mais des professionnels en 
première ligne. Ils sont des héros ordinaires, des sentinelles 
d'humanité." Et depuis le début du confinement, ils sont au front.  
C'est en particulier le cas au sein de l'Anras (association nationale de
 recherche et d'action solidaire) gère en Occitanie 74 établissements et
 services sociaux.
"En Haute-Garonne, nous avons une MECS (maison d'enfants à caractère 
social) à Flourens, un foyer de jeunes à Jolimont, un Ephad quartier de 
la Patte-d'Oie à Toulouse, une pension de famille qui héberge d'anciens 
SDF, une résidence habitat jeunes travailleurs, etc., détaille le 
directeur général de l'Anras Andrés Atenza. En tout cela représente 300 
salariés dont de très nombreux travailleurs sociaux." Celui qui pilote 
tous les dispositifs affirme : "Evidemment, nous ne laisserons aucun 
enfant à la rue. Nous serons toujours là pour nous en occuper." 
Au Chêne vert comme ailleurs, "la machine doit continuer de tourner"
La preuve au Chêne vert, la MECS de Flourens. Ici vit une centaine 
d'enfants, âgés de 5 à 20 ans. Tous placés par l'aide sociale à 
l'enfance. Et tous confinés. Pour diverses raisons (maltraitance, 
carences éducatives, problèmes de parentalité), impensable de les 
renvoyer chez eux.  "Nous avons organisé des équipes de volontaires 
tournants. D'autres, notamment les personnels à risque, sont en 
télétravail", poursuit Andrés Atenza.
Mais ici comme ailleurs, il 
n'est pas impossible que le coronavirus s'invite. "Au Chêne vert, un 
bâtiment a été récemment rénové et devait accueillir des bureaux. Il a 
été réquisitionné, et nous avons créé un centre de soins pour confiner 
les jeunes qui auraient des symptômes comme de la fièvre, des maux de 
tête ou de la toux, poursuit Andrés Atenza. Quelques jeunes y sont 
déjà."
Le personnel pourrait lui aussi être atteint. "Ces 
professionnels prennent tous les risques, et nous manquons cruellement 
de masques. Il faut que l'ARS oriente aussi des équipements vers nos 
structures."
Des éducateurs "exemplaires"
Au quotidien, 
les psychologues continuent d'accompagner les jeunes, de leur expliquer 
les raisons du confinement. Pas toujours évident à gérer pour les 
enfants qui souffrent de troubles. "Ils ne voient plus leurs parents. 
Les plus petits ont besoin de beaucoup parler avec leur éducateur, 
détaille le directeur général de l'Anras. On tente de les apaiser. C'est
 notre devoir d'éducateur. La Mecs, c'est leur maison."
Au Chêne 
vert, il existe plusieurs unités de vie dans lesquelles vivent moins de 
dix enfants. Certains éducateurs ont même choisi de vivre à demeure afin
 d'éviter les déplacements et les risques de propagation du virus. 
Ateliers cuisine, école, sorties dans le parc rythment les journées. 
 "Cela risque d'exploser dans certains foyers"
En centre-ville de Toulouse, au foyer Pargaminières à Jolimont, se 
profilent d'autres difficultés. Ici, pas d'extérieur. Pas d'endroit où 
respirer le grand air. "Cela risque d'exploser, craint le directeur 
général de l'Anras. Certains jeunes vont subir un sevrage au cannabis 
rapide, d'autres souffrent de pathologies ou de troubles du 
comportement. On espère pouvoir contenir la violence. Mais les 
éducateurs vont avoir des moments difficiles."
Le directeur général 
poursuit : "Non loin du foyer,  il y a un petit stade. Nous avons 
demandé à la préfecture de pouvoir sortir par petit groupe de 3 ou 4. 
Les jeunes pourraient ainsi expulser la violence dans le sport. Nous 
avons besoin de souplesse, de solutions, de pensées agiles".
À 
l'Anras, comme dans toutes les structures sociales qui prennent en 
charge des jeunes ou des personnes en grande difficulté, on ne veut pas 
que les travailleurs sociaux soient oubliés. "Médecins, infirmiers, 
caissiers, éboueurs, ce sont tous des héros du quotidien, conclut Andrés
 Atenza. Mais il y a aussi les travailleurs sociaux. Ces professionnels 
font leur job, ils iront jusqu'au bout. Ils sont exemplaires." 
Chloé Delbes
 
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