Dès le lendemain du confinement, 
les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Seine-Saint-Denis concentre à elle
 seule 10 % des verbalisations. D’après des chiffres plus récents, le 
département totalise 41 103 verbalisations, pour 242 259 contrôles, 
c’est-à-dire un taux de contravention de 17 %, contre 6,25 % à Paris et 
8,7 % en Hauts-de-Seine.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ces chiffres : d’une part, il 
est sûrement plus aisé de respecter le confinement dans les quartiers 
riches, où les conditions de logement sont meilleures (dans le 93, 
25 % des logements sont surpeuplés)
 et les habitants des quartiers populaires font partie des travailleurs 
qui ne bénéficient pas du télétravail (livreurs à vélo, aide-soignants, 
infirmiers, caissiers, ouvriers, manutentionnaires...).
D’autre part, les contrôles policiers sont plus fréquents et plus 
sévères dans ces quartiers. C’est du moins l’analyse que propose 
Sebastian Roché, chercheur du CNRS et spécialiste de la police, au 
journal 
Libération : 
« Les
 comportements ne peuvent expliquer à eux-seuls une amplitude aussi 
importante dans les taux de verbalisation. C’est nécessairement une 
approche policière différente qui génère de tels écarts. »
Depuis plusieurs semaines, les vidéos témoignant de violences policières se multiplient
Le 24 mars, aux Ulis (Essonnes), une vidéo provoque l’indignation sur
 les réseaux sociaux : Sofiane, 21 ans, est frappé par des policiers sur
 le chemin du travail. Livreur pour Amazon, il se voit prescrire 
trois jours d’ITT. La veille, un autre jeune des Ulis avait déjà été 
violenté par la police. Le parquet d’Évry a ouvert deux enquêtes 
judiciaires pour faits de violences par personne dépositaire de 
l’autorité publique. 
« Des vidéos postées sur Twitter en provenance 
d’Asnières, de Grigny, d’Ivry-sur-Seine, de Villeneuve-Saint-Georges, de
 Torcy, de Saint-Denis et d’ailleurs en France, montrent des habitants 
apparemment frappés, gazés, et, dans un cas, une personne se faisant 
heurter par un policier à moto », 
alerte la LDH le 27 mars.
Au 14 avril, la 
plateforme de signalement des policiers
 mise en place sur le site de l'IGPN avait déjà reçu 166 signalements, 
et la police des polices comptait sept affaires judiciaires ouvertes 
pour des violences présumées lors de contrôles liés au respect du 
confinement en Île-de-France.
Une violente tentative d’interpellation policière a fait éclater la 
colère des quartiers populaires, dans la nuit du 20 au 21 avril.
Dans une tribune, dont la CGT est signataire, les auteurs rappellent que 
« les
 discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par 
l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient 
dans les quartiers populaires. On peut y ajouter le couvre-feu 
discriminatoire imposé aux habitants de ces quartiers par la ville de 
Nice. Ces injustices flagrantes sont documentées, nul ne peut les 
ignorer. [...] 
Les inégalités et les discriminations doivent être
 combattues avec vigueur et abolies : avec les populations des quartiers
 populaires, nous prendrons part à ce juste combat pour l’égalité, la 
justice et la dignité ».
Depuis, de nouvelles affaires sont venues compléter le tableau.
Le 26 avril, une vidéo diffusée par Taha Bouhafs, journaliste pour le média indépendant 
Là-Bas si j’y suis,
 montre des policiers tenant des propos racistes, après une 
interpellation à l’Île-Saint-Denis. Une enquête a été ouverte par 
l’IGPN.
 
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