mardi 30 août 2022

Appel national social et médico-social pour le 22 septembre

Comme nous l'évoquions dans notre tract de rentrée, le 22 septembre est une date de mobilisation pour le social et le médico-social ! Voici le tract de l'UFAS CGT :

Nos collègues des EHPAD sont aussi appelés à la grève et la mobilisation (le tract spécifique est ici)

mercredi 24 août 2022

A propos d’une « perte de sens » dans les métiers de l’humain


 A moins d’être aveugle et sourd, il serait difficile de ne pas voir et entendre le malaise qui sape l’ensemble des métiers de l’humain, c’est-à-dire ceux de la santé, de l’éducation et de la solidarité. Un malaise dont la cause a longtemps, et avec juste raison, été imputée à une réduction drastique des moyens financiers et humains accordés à ces champs d’activité ; une réduction d’autant plus destructrice qu’elle a été appliquée de manière systématique par tous les gouvernements successifs depuis le tournant de la rigueur de 1983. Le Ségur et son mode d’application inique n’étant, au final, qu’un symptôme de cette lente décomposition.

A cette crise budgétaire s’ajoute désormais une crise du sens à l’exercice de ces métiers dont le manque d’attractivité et les difficultés de recrutement ne sont que, là encore, de bruyants symptômes. Pour avoir dénoncé en son temps, notamment dans Être éducateur dans une société en crise (éditions ESF, 1998) et autres articles par la suite, les impacts ravageurs de ces politiques d’austérité, je souhaite consacrer cette réflexion à la notion de « sens » et plus exactement de « perte de sens » dans les métiers de l’humain. Que signifie-t-elle ? Que vient-elle dire ? « On parle souvent du sens de telles ou telles affaires humaines, du sens de la vie, de l’histoire, de différentes institutions, du sens de la démocratie, etc., sans définir ni même essayer de définir le concept de sens comme tel – manifestement parce que, si l’on éprouve le besoin d’un tel concept, on le considère d’autre part comme allant de soi. Le besoin de ce concept tient au fait que toutes ces choses sont problématiques et requièrent une explication… » (Jan Patocka, Essais hérétiques, p.93). Or, dans ces mêmes Essais hérétiques sur la philosophie de l’histoire, Jan Patocka propose trois leviers de réflexion pour mieux saisir cette notion de « sens » (1) ; lesquels, ramenés au champ de préoccupation qui est le nôtre, peuvent aider à mieux comprendre la cause et les enjeux du malaise affectant les métiers de l’humain.

mardi 16 août 2022

Pourquoi la CGT n’accepte pas que les salarié.es soient appelés « collaborateurs » ?




Le DRH : – Bonjour Madame l’Inspectrice du travail, je vous présente mes collaborateurs...

L'Inspectrice du travail : – Ah, vous avez des gens extérieurs à l’entreprise, ils ne sont pas déclarés ?

– Mais non, bien sûr, ils sont salariés. Ici, dans l’entreprise, bien sûr.

– Pourquoi vous les appelez collaborateurs ?


– Mais on les appelle comme ça, ce sont des collaborateurs…

– Mais, Monsieur, vous savez ce qui caractérise un contrat de travail, c’est un « lien de subordination juridique permanente ». Je parle en droit. Tout salarié est "subordonné". On ne peut à la fois être "collaborateur" et "subordonné"

– Madame l’Inspectrice on les appelle ainsi, par respect, pour les associer…

– Monsieur, le mot "collaborateur" n’existe pas une seule fois dans le Code du travail, restez donc sur un plan juridique, c’est clair : un "salarié" !
 
 – Mais enfin Madame l’Inspectrice, on a le droit d’appeler nos… nos collaborateurs comme on veut.
 
– Monsieur, vous faites de l’idéologie. S’il vous plait, pas avec moi.
 

– Comment ça ?
 
– C’est de l’idéologie que d’appeler un salarié "collaborateur". Ça peut faire croire, qu’il est sur un pied d’égalité avec vous dans son contrat mais ce n’est pas le cas. C’est parce qu’il est subordonné qu’il a des droits. Le code du travail, c’est la contrepartie à la subordination. Supprimer la notion de subordination, ça enlève la contrepartie. Ça fait croire que dans l’entreprise, tous ont le même "challenge", le même "défi", sont dans le même bateau. Jusqu’à ce que le patron parte avec le bateau et que le salarié reste amarré sur le quai au Pôle emploi, et il s’aperçoit alors qu’il n’était pas collaborateur mais bel et bien subordonné…Le patron et le salarié n’ont pas les mêmes intérêts. L’un cherche à vendre sa force de travail le plus cher possible, l’autre veut la lui payer le moins cher possible.
 
– Là, Madame l’Inspectrice, c’est vous qui faites de l’idéologie !
 
– Vous croyez ? Le Medef veut remplacer la "subordination" par la "soumission librement consentie" ("compliance without pressure") il espère comme ça enlever toute "contrepartie", puisqu’il y aurait "collaboration" il n’y aurait plus besoin de droits. Il remplacerait le contrat de travail signé entre deux parties inégales par un contrat entre deux parties présumées égales c’est à dire par un contrat commercial. Tous uber, Tous Deliveroo. Tous Ryan Air... un peu comme votre Nexem qui veut des salaires individualisés, "à la tête du client", et surtout moins de droits sociaux ! Donc, les mots ont une importance cruciale, je propose d’arrêter tous les deux, Monsieur le DRH, et pour nous départager, de nous en tenir au droit du travail tel qu’il existe encore, au seul état de droit dans l’entreprise, donc on parle de "salariés" désormais. Uniquement.
 
– Bien mais c’est dommage, j’utilise "collaborateur" parce que c’est valorisant…
 
– C’est vous qui le dites ! Vous ne vous demandez pas pourquoi on n’a pas mis le mot "collaborateur" en 1945-46 dans le code du travail ?
 
– C’est une question de génération… On n’a pas le même sens pour le même mot…
 
– C’est certain. "Collaborateur", c’est marqué d’infamie. On n’a donc pas la même approche. Allez, n’en parlons plus, mais encore une fois, tenons-en nous au droit : appelez vos salariés des salariés.