mardi 30 mars 2021

Lettre ouverte adressée au Président du Conseil Départemental du Tarn

Nous reproduisons ici la lettre envoyée par une Educatrice Spécialisée d'une MECS de l'ANRAS au Président du Conseil Départemental du Tarn. Cette ES est par ailleurs une militante et élue de la CGT ANRAS.

 


Mr Ramond,
 
    Je suis éducatrice spécialisée dans une MECS où il fait bon travailler.
    Je travaille auprès de familles qui ont de grandes qualités mais qui parfois ponctuellement, parfois depuis longtemps, se trouvent figées dans des liens familiaux brouillés. Alors, nous tentons ensemble de défaire ces nœuds pour repartir du bon pied. On avance en travaillant tous dans la même direction et le Conseil Départemental finance notre travail.
    Seulement depuis un an, pour mes collègues, pour moi tout s'est compliqué: le covid se met en travers de notre chemin! Les situations complexes, ça nous connaît, nous sommes coriaces, on ne lâche rien, nous travaillons en équipes pluridisciplinaires, nous nous serrons les coudes et comme toujours, on avance! Nous sommes toujours là. Solidaires entre services, solidaires avec nos collègues maîtresses de maison et nos collègues surveillants de nuits toujours là depuis un an, tous les jours et toutes les nuits sur les internats de la Maison d'enfants L.B., 365 jours qui nous semblent une éternité...
Savez vous que nous n'avons pas quitté nos postes, que nous avons modifiés maintes fois nos emplois du temps depuis 365 jours pour assurer, contre vents et marées, la continuité de service. Nous avons su faire un pas de côté…Le savez vous??
    Depuis un an, pas un mot de votre part, pas un signe de vie! Où êtes vous?
    Mr Ramond, vous nous avez oublié? Nous ne sommes plus dans votre champ de vision!!
 
    Aujourd'hui, je souhaite que vous fassiez un pas de côté vous aussi. Je vais vous expliquer pourquoi.
    Je suis élue au sein du Comité Social et Économique pour la filière Social Enfance qui regroupe notamment les établissements relevant de la protection de l'enfance. Au sein de cette instance, je porte la parole de tous mes collègues et en retour je leurs rends compte de tous les sujets traités lors des réunions plénières. Et c’est là que vous entrez en jeu Mr Ramond, j ai besoin que vous éclairiez ma lanterne, je suis très embêtée... car lors du dernier CSE de filière de notre association, j'apprends que mes collègues qui travaillent comme nous dans le secteur social, qui ont le même employeur que moi, qui assurent aussi la continuité de service comme nous depuis toujours, mais avec encore plus d'énergie et de fatigue accumulée depuis un an de Covid, et bien, mes collègues qui ont la chance (oui semble t il la chance!!) de travailler dans un autre département limitrophe, ces collègues du Tarn et Garonne, de l'Aude, de la Haute Garonne et je pourrai continuer la liste, ont eu, ou vont avoir une prime covid allant jusqu'à 1000€ pour certains Conseils Départementaux!
 
    Mr Ramond je leurs dis quoi à mes collègues Tarnais lorsque je vais arriver sur mon établissement à Graulhet, hein je leurs dis quoi ?    
    Mr Ramond, vous nous avez oubliés !


dimanche 28 mars 2021

Motion CSE MSEA - ENI

Motion des membres du CSE de la filière médico-sociale enfance et adultes de l’ANRAS
Extension Non Importante (ENI) de l’IME Saint Jean de Plaisance du Touch.


Les membres du CSE filière MSEA, réunis ce jour, vendredi 26 Mars 2021, en instance plénière, sont informés et consultés sur l’ENI de l’IME SAINT JEAN PLAISANCE DU TOUCH .

Les membres du CSE prennent connaissance que l’ENI est déjà engagée. A ce titre, il est trop
tard pour les élu-e-s, pour émettre un avis.


Cependant, les membres du CSE notent :
- la pression faite par l’ARS pour la mise en place de cette ENI dans des délais très courts.
- l’injonction de l'ARS pour le passage en DIME avec consolidation des budgets SESSAD et IME
- que le recrutement de 4 ETP semble correspondre aux besoins de cette extension non importante, tout en précisant que concernant l’accompagnement éducatif, il paraît un peu sous-estimé au regard des pathologies des usagers accueillis.
- que l’association doit prendre la mesure des injonctions de l’ARS afin d’établir un cadre d’échange et de négociation avec cette dernière sur le passage en DIME des IME de l’ANRAS.
Par ailleurs, les élus seront très vigilants sur la concrétisation effective des embauches telles que prévues dans les documents transmis, notamment en ce qui concerne les 0.50 ETP de chef de service.


Motion soumis au vote des membres présent-e-s en séance ce jour :
Nombre de votant-e-s : 16
Pour : 16
Contre : 0
Abstention : 0

samedi 20 mars 2021

vendredi 19 mars 2021

Communiqué unitaire sur la situation des MNA

Protéger, soigner, accompagner ? Non, ficher, stigmatiser, sanctionner, renvoyer. Le ton est donné !

Ce 10 mars, était présenté à la Commission des lois un rapport d’information parlementaire sur les « problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés ».

Rappelons pourtant, que la grande majorité des mineur.e.s et jeunes majeur.e.s isolé.e.s étrangers dont il est question ne posent aucun problème de sécurité, bien au contraire comme le constatent et en témoignent toutes et tous les professionnels et adultes qui les côtoient au quotidien, des mouvements tels les « patrons solidaires » allant jusqu’à être créés pour les jeunes apprentis.

Visant exclusivement la situation des mineurs non accompagnés en conflit avec la loi, qui ne représentent qu’une infime partie des mineur.e.s et jeunes majeur.e.s isolé.e.s et étrangers, et entretenant au passage la confusion entre ceux en conflit avec la loi et ceux victimes de traite, le rapport parlementaire, présente 18 recommandations particulièrement inquiétantes en ce qu’elles sont de nature à stigmatiser encore plus ces mineur.e.s, parfois très jeunes, toujours très fragiles, polytraumatisé.e.s par leurs parcours de vie.

Ce rapport oublie, dans sa problématique générale, ce qui est le plus important : ces jeunes sont en danger et ont d’abord besoin de protection. De manière encore plus inquiétante, il entend institutionnaliser un traitement différencié les concernant, fondé davantage sur leur extranéité que leur minorité.

A l’âge où la plupart de leurs pairs vont au collège, eux n’ont connu que rejets, abandons, agressions répétées, violence, et sont souvent les victimes de réseaux de traite.

Vivant pour la plupart dans des conditions d’une extrême précarité, souvent à la rue, sans accompagnement éducatif, sous dépendance médicamenteuse des adultes qui les exploitent, elles et ils ont perdu l’estime d’eux-mêmes, et leurs passages à l’acte s’inscrivent dans un mécanisme de survie, souvent pour des délits de subsistance.

Est-ce cela la vie d’un enfant ?

Il ne sert à rien de préconiser, à peu de frais, leur fichage obligatoire via le fichier AEM si décrié, la consultation obligatoire de fichiers tels VISABIO dont l’inefficacité a été démontrée, l’accroissement des sanctions, des jugements plus rapides et discriminatoires, le retour dans le pays d’origine et toujours plus de coercition.

Ceci n’aura que pour conséquence de stigmatiser ces jeunes, les rapprocher toujours plus de situations de danger, les éloigner encore plus de leur situation de mineur et des dispositifs qui n’auront plus de « protection » que le nom.

Et si le rapport parlementaire préconise une prise en charge systématique en assistance éducative ainsi que quelques mesures d’accompagnement social, rien n’est dit du budget affecté à celles-ci, des moyens dédiés aux départements, qui risquent, sous des effets d’annonce, de se réduire à peau de chagrin….

Et rien ne changera.

Plus encore, ce rapport réalise la prouesse de suggérer qu’inverser la présomption de minorité, imposer à un ou une mineur.e de présenter des documents d’identité pour être protégé.e, serait dans l’intérêt supérieur de l’enfant !

Où est l’intérêt supérieur de l’enfant, « considération primordiale », rappelée par la Convention internationale des droits de l’enfant, dont la France est signataire ?

Ces jeunes doivent être protégés, accompagnés, bénéficier d’une prise en charge éducative effective qui fait actuellement cruellement défaut, pluridisciplinaire (en matière civile tant par les départements que par la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui connaît leurs problématiques particulières), basée sur la confiance en l’adulte, qu’elles et ils doivent réapprendre, ayant souvent été trompés dans leurs vies par ceux qui les ont entourés auparavant.

Ce n’est que par les mesures de protection que ces jeunes pourront se réinsérer, ce qui est de leur intérêt et de celui la société.

Alors que le débat médiatique glisse, sans surprise, vers la question plus large de l’évaluation de minorité des mineur.e.s isolé.e.s, qui n’était pas l’objet de ce rapport,

Nos organisations et associations signataires demandent que soit mise en place, sans stigmatisation, sans discrimination, sans fichage, une vraie politique éducative faite d’accompagnement, de protection, d’éducation, de soins et d’insertion pour ces jeunes, qui sont avant tout des enfants en souffrance !

Le 17 mars 2021

Liste des signataires :

La Ligue des Droits de l’Homme, le Syndicat de la magistrature, InfoMIE, le GISTI, l’Ordre des avocats du barreau de Paris, Le Syndicat des avocats de France, le SNPES PJJ / FSU, l’ADDE, la FSU, la CGT, la CIMADE, le SNEPAP-FSU, le Secours Catholique Caritas France, AADJAM, Solidaires Justice, Fédération sud Collectivités Territoriales, SNUASFP FSU, Solidaires, Fédération Sud Santé Sociaux, SNUTER-FSU, Soutien à 59 SAINT JUST