lundi 30 janvier 2017

Mort de Denko Sissoko, répression pour Ibtissam : solidarité !

Il était arrivé en France en octobre 2016. Il a perdu la vie au pied d’un foyer d’accueil de Châlons-en-Champagne le 6 janvier 2017. Denko Sissoko, jeune Malien, s’est défenestré du 8e étage de l’établissement qui l’accueillait. Il occupait, depuis le 22 novembre, l’une des 73 chambres pour mineurs isolés mises à disposition par le Service d’Accueil des Mineurs Isolés Étrangers (SAMIE) du département de la Marne et gérées par l’Association Châlonnaise des Foyers d’Accueil (ACFA).
Selon le procureur de la République, le jeune homme se serait suicidé. De leurs côtés, les associations laissent entendre que le réfugié aurait sauté sous la pression d’un équipage de police venu le chercher pour l’expulser parce que son statut de mineur n’aurait pas été reconnu. Après avoir fui le Mali, Denko Sissoko est passé par la Libye et l’Italie, où il était resté un an et demi, avant d’avoir assez d’argent pour venir en France. “Il ne venait pas de la jungle de Calais. Il s’était présenté spontanément au commissariat de Reims le 3 novembre dernier”, précise le procureur. Il disait avoir 16 ans. Selon la préfecture de la Marne, le jeune Malien n’était pas encore connu des services préfectoraux car il n’était qu’au début de ses démarches administratives.
La suite de l'article sur le Bondy Blog qui décrit le quotidien des jeunes migrants "pris en charge". Et lorsqu'une éducatrice dénonce les conditions indignes et révoltantes dans lesquelles sont hébergés ces mineurs isolés, la répression de son employeur s'abat sur elle :

Éducatrice, elle dénonce les conditions indignes d’hébergement des mineurs isolés migrants suite à la mort d’un jeune, Denko Sissoko, et maintenant on veut la licencier !
 Le SAMIE créé en septembre 2015 accueille au foyer Bellevue à Châlons-en-Champagne des mineurs isolés étrangers dans un ancien foyer de travailleurs immigrés transformé en résidence sociale. Les mineurs isolés partagent ce lieu d’hébergement avec d’autres résidents adultes qui sont dans une situation sociale précaire.
 Il y a quelques semaines, une éducatrice, déléguée du personnel de l’association la Sauvegarde, a été alertée sur les conditions d’accueil de ces mineurs mis à l’abri par le département de la Marne. Les constatations observées lors de sa visite sont effarantes :
 Un bâtiment non sécurisé, dans un quartier difficile de Châlons-en-Champagne avec des conditions d’hygiène dégradées (blattes dans les sanitaires, moisissures dans les chambres…)
  •  Mélange de mineurs en attente d’évaluation, de jeunes confiés à la protection de l’enfance, et de majeurs en grandes difficultés sociales
  • Pas d’ailes distinctes entre les mineurs isolés et les autres résidents.
  • Pas d’espace commun passé 18h.
  • Pas de véritable cadre éducatif, lié à un manque de moyen cruel (4 éducateurs pour 73 mineurs)
  • Pas de numéro pour joindre quelqu’un en cas d’urgence, notamment la nuit.
  • Absence de personnel de nuit de 18h à 9h : les jeunes peuvent sortir la nuit et faire entrer des personnes comme bon leur semble.
  • Grand sentiment d’insécurité la nuit, les jeunes se cloîtrent dans leur chambre, terrorisés par des adultes en état d’ébriété
  • Mauvais accès aux soins médicaux, manque de suivi des jeunes en difficultés sanitaires et psychologiques
  • Désengagement des éducateurs qui expliquent aux jeunes qu’ils ne sont pas décisionnaires, l’ASE étant la tutelle.
  • Intervention récurrente de la police à l’intérieur du centre pour expulser ou arrêter les jeunes en fin de prise en charge.
  • Peu de relais pour préparer les sorties vers d’autres structures, notamment d’hébergement d’urgence, en fin de prise en charge ou d’arrivée à la majorité
  • Pas de scolarisation ni de cours de Français Langue Etrangère pour les jeunes en attente d’évaluation, parfois pendant plus de 4 mois. Pendant ce temps, les délais courent.
  • Mauvais accompagnement scolaire des jeunes scolarisés, pas d’aide aux devoirs, peu de travail sur le projet d’orientation
 Au lendemain de la mort de Denko Sissoko, jeune résident du foyer qui s’est défenestré par peur de la police, Ibtissam a témoigné sur les conditions indignes d’accueil des jeunes au foyer Bellevue. Quelques jours plus tard, elle recevait de sa direction une convocation à un entretien préalable et elle risque aujourd’hui un licenciement, après 16 années au service de la Sauvegarde de la Marne !
 Nous, travailleurs sociaux, associations de défense des droits, syndicats ou simples citoyen.ne.s sommes révoltés par le comportement de cette association qui au lieu de remettre en cause la manière dont elle gère une mission de protection de l’enfance, préfère contraindre au silence celles et ceux qui s’indignent et cherchent à améliorer la prise en charge de ces jeunes.
 Nous demandons
  •  le maintien dans son poste d’Ibtissam
  •  la remise aux normes de cet hébergement

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