jeudi 26 mars 2020

"Les travailleurs sociaux dont des héros ordinaires, ne les oublions pas"

Article dans La Dépêche du 26 mars

En pleine crise du coronavirus, les travailleurs sociaux sont aussi en première ligne. Dans de très nombreux foyers, ils gèrent le confinement de dizaine de jeunes. À certains endroits, la violence risque de s'exprimer. Au jour le jour, les éducateurs tentent de trouver des solutions et d'apaiser les tensions. Andrés Atenza, directeur général de l'Anras, salue le travail de ces "sentinelles d'humanité".
"Les travailleurs sociaux ne sont pas des saints, mais des professionnels en première ligne. Ils sont des héros ordinaires, des sentinelles d'humanité." Et depuis le début du confinement, ils sont au front. C'est en particulier le cas au sein de l'Anras (association nationale de recherche et d'action solidaire) gère en Occitanie 74 établissements et services sociaux.

"En Haute-Garonne, nous avons une MECS (maison d'enfants à caractère social) à Flourens, un foyer de jeunes à Jolimont, un Ephad quartier de la Patte-d'Oie à Toulouse, une pension de famille qui héberge d'anciens SDF, une résidence habitat jeunes travailleurs, etc., détaille le directeur général de l'Anras Andrés Atenza. En tout cela représente 300 salariés dont de très nombreux travailleurs sociaux." Celui qui pilote tous les dispositifs affirme : "Evidemment, nous ne laisserons aucun enfant à la rue. Nous serons toujours là pour nous en occuper."
Au Chêne vert comme ailleurs, "la machine doit continuer de tourner"
La preuve au Chêne vert, la MECS de Flourens. Ici vit une centaine d'enfants, âgés de 5 à 20 ans. Tous placés par l'aide sociale à l'enfance. Et tous confinés. Pour diverses raisons (maltraitance, carences éducatives, problèmes de parentalité), impensable de les renvoyer chez eux. "Nous avons organisé des équipes de volontaires tournants. D'autres, notamment les personnels à risque, sont en télétravail", poursuit Andrés Atenza.
Mais ici comme ailleurs, il n'est pas impossible que le coronavirus s'invite. "Au Chêne vert, un bâtiment a été récemment rénové et devait accueillir des bureaux. Il a été réquisitionné, et nous avons créé un centre de soins pour confiner les jeunes qui auraient des symptômes comme de la fièvre, des maux de tête ou de la toux, poursuit Andrés Atenza. Quelques jeunes y sont déjà."
Le personnel pourrait lui aussi être atteint. "Ces professionnels prennent tous les risques, et nous manquons cruellement de masques. Il faut que l'ARS oriente aussi des équipements vers nos structures."
Des éducateurs "exemplaires"
Au quotidien, les psychologues continuent d'accompagner les jeunes, de leur expliquer les raisons du confinement. Pas toujours évident à gérer pour les enfants qui souffrent de troubles. "Ils ne voient plus leurs parents. Les plus petits ont besoin de beaucoup parler avec leur éducateur, détaille le directeur général de l'Anras. On tente de les apaiser. C'est notre devoir d'éducateur. La Mecs, c'est leur maison."
Au Chêne vert, il existe plusieurs unités de vie dans lesquelles vivent moins de dix enfants. Certains éducateurs ont même choisi de vivre à demeure afin d'éviter les déplacements et les risques de propagation du virus. Ateliers cuisine, école, sorties dans le parc rythment les journées.
"Cela risque d'exploser dans certains foyers"
En centre-ville de Toulouse, au foyer Pargaminières à Jolimont, se profilent d'autres difficultés. Ici, pas d'extérieur. Pas d'endroit où respirer le grand air. "Cela risque d'exploser, craint le directeur général de l'Anras. Certains jeunes vont subir un sevrage au cannabis rapide, d'autres souffrent de pathologies ou de troubles du comportement. On espère pouvoir contenir la violence. Mais les éducateurs vont avoir des moments difficiles."
Le directeur général poursuit : "Non loin du foyer, il y a un petit stade. Nous avons demandé à la préfecture de pouvoir sortir par petit groupe de 3 ou 4. Les jeunes pourraient ainsi expulser la violence dans le sport. Nous avons besoin de souplesse, de solutions, de pensées agiles".
À l'Anras, comme dans toutes les structures sociales qui prennent en charge des jeunes ou des personnes en grande difficulté, on ne veut pas que les travailleurs sociaux soient oubliés. "Médecins, infirmiers, caissiers, éboueurs, ce sont tous des héros du quotidien, conclut Andrés Atenza. Mais il y a aussi les travailleurs sociaux. Ces professionnels font leur job, ils iront jusqu'au bout. Ils sont exemplaires."
Chloé Delbes

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