lundi 6 mai 2019

La fin des IME ?


Les familles d'enfants souffrant de handicaps graves et les professionnels s'alarment des menaces de fermeture qui planent sur les institutions médico-sociales au nom d'une politique prétendument tournée vers l'inclusion.
« Les arguments en faveur de l'inclusion des enfants lourdement handicapés masquent en réalité un choix économique visant à remplacer les établissements médico-sociaux par des plate-formes désincarnées de services et de prestations » dénonce le collectif d'Une Maison à l'Autre. Constitué de parents, de professionnels et de chercheurs, il est né de l'Institut médico-éducatif (IME) André Coudrier à Saint-Germain-les-Arpajon (Essonne). Début février, il a lancé la pétition : « Urgence handicap : danger ! » (#), rejoint par de nombreuses associations de tout le territoire et soutenu par d'autres collectifs (Avenir Éducs, Inter-régionale des formateurs en travail social (IR), etc...). Les pétitionnaires considèrent ces établissements comme d'indispensables lieux de vie, de diagnostic, d'éducation et de soins. Le collectif affirme que les professionnels offrent à chaque enfant au quotidien les conditions d'une vie digne, accompagnée et durable, en co-construction avec les familles. Christiane Henry, qui en est membre, prend l'exemple de l'IME André Coudrier adapté aux enfants lourdement handicapés. Il comprend un externat et un internat séquentiel ; l'équipe accueille quarante-quatre enfants. Chacun a sa chambre et vient quand il le souhaite. L'établissement mène un véritable travail d'inclusion sociale ; chaque enfant fréquente l'école ordinaire à temps partiel selon ses possibilités, ne serait-ce qu'une heure. 

Vive inquiétude
Voici déjà quatre ans que le collectif s'inquiète des menaces qui planent sur les établissements médico-sociaux et qu'il réfléchi avec le sociologue Michel Chauvière à élaborer des arguments pour l'éviter. « Nous sommes très inquiets, nous avons interpellé le Premier ministre, la ministre des Solidarités et de la Santé et la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées. Les dossiers avancent très vite dans les agences régionales de santé. Les nouvelles normes de gestion imposées (CPOM, Sérafin-PH) réduisent à des actes tarifés leur éthique, leur clinique et la totalité de leur accompagnement », déplore Christiane Henry.
Le collectif a écrit aux ministres, secrétaire d'État et élus locaux pour leur proposer un échange et une visite de l'IME, seuls les maires et sénateurs de l'Essonne ont répondu présents et le soutiennent. « Côté gouvernement, nous n'avons reçu que des lettres bateau ne donnant aucune réponse concrète », dénonce Séverine Perez, mère de Pablo, 16 ans, polyhandicapé et grand épileptique.
Si le collectif juge important de viser l'inclusion scolaire de chaque enfant, il souligne que l'école n'est pas adaptée à tous et notamment à ceux polyhandicapés. Chacun a besoin d'une palette de propositions qui lui conviennent tout au long de sa vie et droit au libre choix.
De son côté en février, via le rapport de Catalina Devandas, l'ONU a engagé l'État français à une scolarisation totale de tous les enfants accueillis en IME, estimant que ce placement constitue « une forme courante de privation de libertés », « cette accusation est inacceptable et injurieuse, bondit Séverine Perez. La raporteuse se permet de juger un choix sans connaître la réalité de la vie quotidienne de mes enfants. Pour la plupart d'entre-eux, passer cinq heures par jour dans une classe de trente élèves constituerait une maltraitance » et de s'interroger : « Qui peut croire que les familles peuvent s'occuper de leur enfant 7 jours sur 7 et 24 h sur 24 ? Cela va engendrer de la précarité... car l'un des parents devra arrêter de travailler..., de la fatigue et des risques de maltraitance. ».
Katia Raoult-Florenzi

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